
Il fut un temps où je pensais que le bonheur passait par une maison parfaitement rangée. À une époque lointaine, avant les enfants, avant les paniers à linge qui se multiplient en secret la nuit, avant les chaussettes qui vivent en autonomie. On était 2 à la maison, ou devrais-je dire, dans un appartement de 2 pièces. Le ménage ne me prenait pas beaucoup de temps, les jouets étaient totalement absents et les vêtements qui trainent pas terre, inexistants. Alors oui, mon chez moi était en ordre ! Puis j’ai dû apprendre à vivre avec une maison imparfaite.
Puis la maison imparfaite fit son apparition
Les enfants ont fait leur apparition, 3 au total. Entre les repas, la maison, le boulot… Tenir une maison en ordre commencer à relever du défi. J’ai voulu emménager dans une grande maison, avec jardin et tout le tralala… Il fallait assumer ! Chaque matin, je faisais le tour avec l’espoir candide de remettre de l’ordre dans le chaos. Et chaque soir, je retrouvais la même chaussure esseulée, les mêmes jouets dégoulinant des étagères, et la corbeille à linge qui ne désemplit pas.
Pendant longtemps, j’ai réussi à maintenir l’illusion d’une maison parfaitement ranger, au détriment de mon sommeil. Parce qu’impossible d’aller me coucher si une peluche trainait dans le salon. Mais un jour, j’ai arrêté de m’épuiser. Pourquoi ? Parce que j’ai compris une chose : le désordre n’est pas l’ennemi, c’est juste la preuve qu’on vit ici. Alors j’ai laissé la peluche sur le tapis. Et vous savez quoi ? Cela ne m’a pas tuée, pas du tout !
D’ailleurs, il faut être honnête. À quoi ressemble vraiment une maison « parfaitement rangée » ? C’est souvent une illusion Pinterestienne, figée dans le temps. Chez moi, les objets ont une âme, une trajectoire, parfois une personnalité propre. Et franchement, quand e vais chez quelqu’un dont le salon trop bien rangé, ça me stresse maintenant. Je n’ose plus m’asseoir. Alors vive la maison imparfaite !

Savoir choisir ses batailles au quotidien
Accepter un peu de désordre, ce n’est pas renoncer à toute dignité. C’est choisir ses batailles. Ranger les couteaux, oui. Classer les livres par couleur, non. Laver les draps, évidemment. Mais plier le pyjama de l’enfant sous son oreiller en angle droit ? Non merci. J’ai appris à choisir mes priorités et à faire avec le reste. Et concrètement, je préfère garder 45 minutes pour faire du sport ou faire une belle pause thé/bouquin que de courir après des peluches.
Le bazar a aussi ses avantages. Il stimule la créativité, notamment quand on cherche les clés pendant 20 minutes et qu’on finit par faire les poches d’un manteau oublié. Il développe la mémoire sensorielle : je peux reconnaître un jouet à l’oreille en le heurtant du pied dans le noir. Plus sérieusement, cela m’a appris à relativiser et à voir ce qui est essentiel. Passer du temps avec mes enfants, c’est mieux de leur courir après pour que la chambre soit nickel chrome.
Relâcher la pression
Et puis, il permet de relâcher un peu la pression. Ce n’est pas la poussière sur le buffet qui va ruiner mon estime de moi. Ni la pile de livres qui tangue dangereusement près du canapé. Un peu de désordre, c’est une preuve de lâcher-prise, pas un manque d’organisation. Même si je vous avouerai que la maison est plutôt super bien rangée lorsque j’ai de la visite 😉
Bien sûr, il ne s’agit pas de vivre dans une caverne. Il faut pouvoir circuler, respirer, retrouver le chat et son bol. Mais entre le muséum d’histoire naturelle et le capharnaüm total, il existe une zone confortable : la maison imparfaitement vivante.
Aujourd’hui, j’ai décidé de viser la paix intérieure plutôt que le plan de travail vide. Mon sol n’est pas lavé tous les jours, mais mon esprit respire. Mes étagères sont bancales, mais mes relations sont solides.