
J’ai eu le plaisir de découvrir l’incroyable village de Djerbahood lors de mes vacances à Djerba l’année dernière. Ce village est incroyable, c’est un véritable musée à ciel ouvert où l’art de rue est maitre ! Chaque oeuvre est unique et chaque coin de rue est une surprise pour nos yeux.
Son origine ? À l’été 2014, Mehdi Ben Cheikh, galeriste franco‑tunisien fondateur de la Galerie Itinerrance à Paris, lance une idée audacieuse : transformer le village traditionnel d’Erriadh (anciennement Hara Sghira) en un musée à ciel ouvert de street art. En à peine quelques mois, environ 150 artistes venus de plus de 30 pays investissent les murs du village, réalisant 250 fresques murales avec plus de 4 500 bombes de peinture. Ce projet, nommé Djerbahood, devient immédiatement une expérience artistique majeure.



Qui sont les artistes et quelles œuvres ont-ils laissées ?
Djerbahood a rassemblé une diversité impressionnante d’artistes internationaux :
- M‑City (Pologne), connu pour ses pochoirs grand format d’immeubles industriels
- Fintan Magee (Australie), célèbre pour ses murales évocatrices et narratives
- Wissem Soussi (alias Wisign), talent tunisien, a signé des œuvres typiques autour de la voiture 2CV
- Sunra, artiste franco‑tunisien
- Inkman (Mohamed Kilani Tbib), calligraphe et graphiste tunisien
- Sebastián Velasco, Btoy (Andrea Michaelsson, Espagne), et ROA (Belgique), l’un des plus renommés pour ses peintures monochromes d’animaux
- Plus globalement, la liste des artistes inclut des noms tels qu’Add Fuel, Aya Tarek, C215, eL Seed, Faith47, Jace, Pantonio, Swoon, Seth (Julien Malland), Phlegm, et bien d’autres (plus de 150 artistes nommés)
Ces artistes ont utilisé l’architecture traditionnelle comme support sculptural : rochers, murs blanchis, pots anciens sont devenus des éléments intégrés dans les œuvres.



Djerbahood : un lieu en perpétuelle évolution artistique ?
Bien que l’essentiel du projet ait eu lieu en 2014, l’empreinte artistique reste bien tangible aujourd’hui : près d’une décennie plus tard, les fresques restent visibles, même si certaines s’estompent sous le soleil, le vent et le sable.
Quant à la création artistique contemporaine : il n’existe pas d’appel officiel régulier pour de nouvelles interventions, mais l’esprit d’ouverture et l’aura de Djerbahood continuent d’attirer artistes et visiteurs. Les témoignages d’initiatives spontanées ou de propositions par des habitants laissent à penser qu’une nouvelle vague pourrait être possible. De plus, des artistes tunisiens récents comme Wissem El Abed ont contribué à Djerbahood lors d’éditions ou extensions ultérieures.


Pourquoi Djerbahood marque les esprits ?
- Un concept inédit : conçu comme un musée urbain, avec scénographie, parcours et lumière, enrichissant la notion habituelle de festival de street art.
- Une revitalisation culturelle : valorisation du patrimoine vernaculaire, attractivité touristique renouvelée, et interactions riches entre artistes et habitants.
- Une démarche durable : contrairement aux installations éphémères, Djerbahood vise la pérennité de ses œuvres, malgré les caprices du climat.


En résumé
Djerbahood est une expérience artistique hors normes — un village djerbien transformé en immense galerie murale par une palette d’artistes internationaux. Le projet initial de 2014 a marqué les esprits par son ampleur, sa qualité et sa capacité à faire renaître un lieu traditionnel. Si la porte n’est plus officiellement grande ouverte, l’esprit créatif de Djerbahood demeure vivant — et pour ceux qui souhaitent encore inscrire leurs coups de spray ou de pinceau sur ces murs blancs, une démarche personnelle avec les acteurs culturels locaux pourrait permettre de perpétuer l’aventure.